Revue cinéma #1 : Les Heures sombres et Oh Lucy

Dans le mois qui vient de s'écouler, j'ai enfin renoué avec le plaisir des salles sombres. L'immersion dans un autre univers, le temps de quelques heures, dans d'autres vies et d'autres ailleurs. Je crois que ce que j'aime par dessus tout, c'est cette empreinte émotionnelle lorsque je sors de la salle. C'est comme si je sentais le film planer encore en moi. Pour quelques longues minutes, je suis encore dans l'Angleterre des années 1940, je suis encore sous le soleil japonais, je suis une héroïne, une amoureuse. J'adore cette infusion d'autre chose dans l'imaginaire de mes émotions. 


Je vous parle aujourd'hui des deux derniers films que je suis allée voir, les deux dans un style très différent : un biopic et un film indépendant japonais... En espérant vous donner envie d'aller les découvrir car ce sont pour moi deux bonnes (voire très bonnes) surprises ! 


L E S   H E U R E S   S O M B R E S   de Joe Wright 


Résumé 
Le film relate dans la vie de Winston Churchill le mois de mai 1940. Mois crucial où l'Angleterre décide d'entrer pleinement en guerre contre l'Allemagne Nazi et où Churchill, 65 ans, nommé Premier ministre à contre-cœur par le parlement anglais, doit défendre ses positions contre les vents politiques contraires. 

Mon avis
Ce film a été une excellente surprise. Je ne suis pourtant d'habitude pas très biopic, et je l'avoue encore moins lorsque ces derniers se situent lors des deux guerres mondiales. Le sujet m'impressionne, j'éprouve une sorte de frilosité face à de tels drames. Mais j'étais pour une fois curieuse, pour mon plus grand plaisir.

On y découvre un Churchill génial au sens propre mais finalement inapte à une vie normale.Un génie des mots, fort de sa réthorique mais fragile de ses doutes. Bien que classique, ce duo de l'homme derrière la figure politique fonctionne ici très bien et, je dois l'avouer, est assez passionnant au vu de la personnalité de Churchill. Sans se forcer, le film humanise ce dernier, subtilement, par des aperçus de sa vie de famille et surtout par un œil jeté sur ses regrets et ses blessures. 

Les autres personnages, bien sûr dans l'ombre du grand homme, n'en sont pas moins intéressants voire particulièrement bien écrit pour ce qui est de celui de sa femme. On la voit peu, mais de façon cruciale. Enfin, le personnage ayant réellement existé de Elizabeth, la secrétaire, s'il ne fait pas vraiment avancer l'histoire, permet d'insérer une figure à laquelle nous pouvons nous identifier. En effet, le turbulent et obscure Chruchill, nous fascine plus qu'il ne nous permet parfois une connexion émotionnelle totale à différents stades de l'histoire. Elizabeth nous apporte ce regard commun sur des événements immenses, il facilite le lien entre le spectateur et le film.


J'ai enfin particulièrement apprécié que le film se concentre longuement sur les discours de Churchill, leur construction, leur prononciation. 

Et que dire de la mise en scène de Joe Wright. Inventive, belle, soutenue, elle contribue à donner du rythme et du dynamisme à ce film très verbeux, tourné avec une impression de huit clos. Mention toute particulière pour un plan sublime, au milieu du film, où Joe Wright lie de façon très poétique l'image de bombardements avec le corps d'un soldat. 

Je vous conseille chaleureusement ce film, vous apprendrez des choses (surtout si comme moi, Churchill reste une figure de l'histoire que vous aviez peu approfondie) et vous ressentirez l'héroïsme sous ses différentes formes, de quoi vous recharger et faire réfléchir sur notre pouvoir à faire changer les choses.


O H   L U C Y   de Atsuko Hirayanagi



Résumé 
Setsuko mène une vie solitaire et sans saveur à Tokyo entre son travail et son appartement, jusqu’à ce que sa nièce Mika la persuade de prendre sa place à des cours d’anglais très singuliers. Cette expérience agit comme un électrochoc sur Setsuko. Affublée d’une perruque blonde, elle s’appelle désormais Lucy et s’éprend de John son professeur ! Alors, quand Mika et John disparaissent, Setsuko envoie tout balader et embarque sa sœur, dans une quête qui les mène de Tokyo au sud californien. La folle virée des deux sœurs, qui tourne aux règlements de compte, permettra-t-elle à Setsuko de trouver l’amour ?

Mon avis
De manière générale, j'aime les films japonais. J'aime leur poésie, la façon dont ils laissent planer le temps, dont ils assument la contemplation de ce temps qui passe et la mélancolie poétique qu'il donne à la vie. Je trouve que c'est un cinéma particulièrement sensible et sensoriel. 

Oh Lucy n'a pas fait l'exception même si le rythme est bien plus soutenu que dans la majorité des films nippons que j'ai pu voir. J'ai aimé l'ambivalence du personnage principal. Femme à la fois que l'on plaint, pour qui on ressent une réelle compassion mais envers qui, à certains tournants du films, on ressent également une sorte de gêne voire d'antipathie. 


Je ne veux pas trop vous en dire sur ce film, il s'agit d'un film simple, haut en couleur, j'ai personnellement bien ri et en même temps qui comporte des accès de drame qui nous prennent à chaque fois de court. Il n'est pas parfait, parfois le rythme s'emballe peut-être trop, on peut avoir la légère impression de passer du coq à l'âne, mais cela n'entache pour moi pas son charme. Et par-dessous ces personnages, par-dessous leurs actions, se dessine une société japonaise qui étouffe, un vie aux lourds carcans qui enferment. 

C'est un film, comme l'explique très joliment sa réalisatrice, qui a été écrit au-delà d'une recherche de message. Pour moi il s'agit d'un film dont on profite pleinement avec le cœur et non avec la tête.



Voilà, j'espère avoir pu vous donner des envies d'aller parcourir les salles obscures...
J'ai également vu ce weekend Black Panther mais j'avais envie de lui consacrer un article plus complet, mon avis très bientôt donc :)

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