L'épisode des nouvelles chaussures : soi et l'approbation des autres


Il y a quelques temps, j'ai acheté une nouvelle paire de chaussures. Un achat conscientisé, que j'ai pris le temps de choisir et dont j'avais besoin n'ayant plus de paire de chaussures fermées pour l'hiver. Chiner cette paire sur plusieurs semaines a été un réel plaisir car j'aime les jolies choses et le fait d'avoir conscientisé l'achat, d'avoir pris le temps de trouver un modèle davantage éthique me faisait me sentir bien dans ma peau et dans ma tête. 

Très satisfaite, ravie du look des chaussures, j'avais l'impression, les premiers jours, de me faire à chaque fois un petit cadeau en les portant. Et puis, au fur et à mesure de la journée, je me suis aperçue que je cherchais l'approbation dans le regard des gens que je croisais. Cela dépassait l'envie d'un compliment, il s'agissait de sentir que ces chaussures étaient approuvées, comme si mon goût avait besoin d'être confirmé. Comme si, le choix en pleine conscience de ce qui me plaît ne se suffisait pas à lui-même. Et évidemment, à toujours chercher quelque chose dans le regard de l'autre, on se frustre de ne pas le trouver ou de ne pas le trouver exactement comme on le voudrait. 

Sur une chose aussi simple que la possession d'une nouvelle paire de chaussures, je me suis rendue compte de toute l'importance que j'accordais encore, dans trop de domaines de ma vie, au regard de l'autre et surtout à son approbation.
Comme si je ne me suffisais pas à moi-même, comme si pour être dans le contentement quant à mes goûts et a fortiori mes choix et ma personnalité, il fallait que j'eue la preuve d'une validation tacite de la part "des autres". 

Moi qui pensais avoir gagné en recul et surtout avoir peu à peu appris à me dégager de cette insécurité et de ce besoin d'approbation de ma personne, cet épisode anecdotique m'a piqué au vif et m'invite aujourd'hui à tenter de cheminer ici avec vous sur ce phénomène en général.

J'espère que ces modestes réflexions vous parleront :) Cet article est un peu long, n'hésitez pas à vous faire un bon thé chaud avant de le parcourir ;)

L ' I M P O R T A N C E   A C C O R D E E   A U   R E G A R D   D E   L ' A U T R E   :   
R E F L E X I O N   S U R   L E S   S O U R C E S   E T   F O R M E S 

L'importance que chacun accorde au regard de l'autre est différente. Elle peut varier en intensité bien sûr mais surtout en objet : je ne serai sans doute pas sensible à l'avis des autres surexactement les mêmes choses que mon voisin. Cependant, je crois que la source profonde de cette forme de dépendance demeure toujours la même : le manque de confiance en soi et d'amour de soi. 

Au fond, pourquoi as-t-on besoin d'apporter de la valeur de l'extérieur, pourquoi la valeur que nous accordons à une chose ne se suffit-elle pas ? Peut-être parce que l'on estime qu'elle est de qualité moindre, qu'elle est moins belle. Parce que je ne m'estime pas assez, parce que je n'ai pas appris à me valoriser et à être bien avec qui je suis. Je n'ai pas appris à reconnaitre que je suis déjà bien telle que je suis. Que je n'ai pas besoin d'être la meilleure pour être suffisamment bien. Cela n'empêche pas qu'en tant qu'être humain, je peux m'améliorer, je peux progresser. Le problème, j'ai l'impression, c'est que nous passons vite du "je peux m'améliorer" à "je dois être le/la meilleur(e)", "je dois faire partie des meilleur(e)s". 

Ce rapport à la compétition nous l'héritons certainement de notre système éducatif, de l'école primaire à l'université. Nous sommes classés, on nous attribue des notes donc une valeur qui est elle-même mise en compétition avec celle attribuée aux autres. Dans ce système, nous sommes toujours confrontés au fait qu'il y a meilleur que nous, mais aussi qu'il y a moins bon. Et cet état de fait auquel il n'y a rien de mal, d'autres sont plus capables que nous dans certains domaines, c'est la vie, qui devrait nous tirer vers le haut est transformé en compétition par la violence des notes et des classements.

On ne sait pas être satisfait de qui nous sommes, donc confiants car on ne nous apprend pas qu'être moins bon qu'un autre n'est pas un problème à résoudre ou une tare dont il faudrait être gêné mais une opportunité d'apprentissage et d'accomplissement. Je ne suis pas certaine d'avoir bon goût ou plutôt "LE bon goût" car personne ne m'a encore donné de notes le prouvant et par conséquent je ne sais pas ce que je vaux. Sur un registre léger, ici : je ne sais plus ce que valent ces chaussures Je me compare et j'ai besoin de sentir qu'on note positivement mes choix. Je me sens en insécurité car je n'ai pas les balises pour définir ce qui est suffisamment bien. Je veux être comme ces autres qui semblent mieux savoir, qui semblent être meilleurs. 

Et cela s'étend à beaucoup de domaines de ma vie, les savoirs, les savoir-être... Anecdotique sur un sujet aussi léger qu'une paire de chaussure, il s'agit d'un mécanisme handicapant et très frustrant quand il se plaque sur les sujets qui comptent.




M E S   P I S T E S   V E R S   P L U S   D ' I N D E P E N D A N C E

Cet article, cela fait deux bons mois qu'il est dans mon ordinateur. J'attendais. J'attendais d'avoir une solution sur laquelle communiquer. Une solution miracle à ce problème qui me suit depuis mes toutes jeunes années, depuis plus de 20 ans. Aujourd'hui, je décide de publier cet article car je ne crois pas qu'il y ait de solution miracle, de "marche à suivre". Nous n'avons pas à être la personne qui a les solutions. Ce ne serait qu'une énième façon de se mettre la pression, de vouloir être la meilleure, de faire partie des bons donc de la norme (quelle ironie :) ).

Je glisse donc simplement ici quelques réflexions, très humblement, en espérant fortement que cela créera un échange.

A L L E R   V E R S   P L U S   D ' A M O U R   D E   S O I
Je crois que ce problème, il vient à nous parce que ne nous aimons pas assez. A l'écrire ou à le dire, on a l'air d'un naïf mais il me semble que c'est le fond de tout. Amour de soi, bon narcissisme, estime de soi... choisissez le terme qui vous convient. Le principal, c'est d'apprendre à aimer qui nous sommes, donc nos goûts, nos choix, un soi qui évolue chaque jour. Si je m'aime assez, je ne me construis pas à travers l'amour venant des autres alors mon amour suffit pour me rendre sûre de moi, simplement.

Je pense que pour y parvenir, il faut tâcher à chaque instant de s'accepter. D'accepter nos pensées, nos émotions, nos réactions. Les accepter et se dire qu'elles ont le droit d'être là, que nous avons le droit d'être ce que nous sommes.

J'ai le droit d'aimer ces chaussures, j'ai le droit d'avoir le goût que j'ai. Mise à part moi, en réalité, personne ne dit que ce n'est pas assez. Il faut se le répéter et le conscientiser. J'ai le droit d'être en colère, de ne pas vouloir sortir rencontrer du monde, de me sentir joyeuse, angoissée, de trouver cela drôle...

C'est si difficile de s'accepter pleinement, c'est le travail de chaque instant vraiment. Sur chaque pensée et chaque ressenti : c'est okay, j'accepte de ressentir ceci, je ne suis ni défaillante, ni mauvaise. Si j'accepte, j'apprends à me respecter et cesse de me persécuter, j'apprends à aimer tout ce qui constitue mon être. Plus besoin de l'avis de l'autre sur mes chaussures, je respecte mon goût entièrement, j'aime ces chaussures, cela me suffit.

Pour moi, si on devait être très pragmatique voilà ce qui pourrait être le cheminement. Et ce n'est pas un énième manuel, c'est une croyance douce et sincère.

Laissons-nous respirer, donnons-nous de l'espace, l'amour viendra et l'indépendance vis à vis de l'approbation des autres avec. J'y crois en tout cas :) C'est aussi le but de ce blog, affirmer mes pensées et mes émotions : je ne fais pas relire mes textes, j'ose dire ce que je pense et assumer un échange ensuite. Ces pas vers l'amour de soi se nichent dans des choses simples, c'est comme un muscle que l'on peut tenter de renforcer au quotidien.

Pour l'anecdote chaussure, la bonne nouvelle, c'est que depuis j'ai acheté des bottines argentées, des bottines de cosmonaute comme j'aime parfois à les appeler. Une paire au look tranché et que j'ai assumée dans la durée, sans chercher à déchiffrer le regard des autres. J'ai du m'y prendre à plusieurs fois, prendre sur moi et m'encourager mais je suis parvenue à mieux trouver cette liberté. Cela m'encourage pour les domaines de ma vie qui comptent plus encore. Le cheminement est donc possible, je veux avoir doucement confiance en notre capacité à devenir le meilleur ami de nous-même.


Et vous, pensez-vous que l'amour de nous-même dans toute nos dimensions soit la clé pour une indépendance ?
Est-ce que ce besoin d'approbation, souvent inconscient, vous parle ?

Je vous laisse le lien vers un épisode passionnant de l'émission de France Inter "Grand bien vous fasse" sur le bon narcissisme comme ils disent, c'est à dire l'amour de soi. Je l'ai trouvé très instructif sur ces questions de manque d'amour de soi à l'heure, paradoxalement, de la multiplication de la mise scène de nous-mêmes via les réseaux sociaux.

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